Ouvrez, pour l'amour du ciel... [PV Morgy]

Cela faisait quelques heures seulement que Evangeline était arrivée à l'école, accompagnée de la directrice elle-même, Morgana. Une fois enfermée dans sa chambre, en compagnie de son chat, elle avait rangé ses affaires dans son armoire, s'était un peu recoiffée devant la glace, s'était allongée sur son lit à baldaquin... Et, sereinement, elle avait profité de son temps libre pour s'assoupir.

Seulement, son esprit était, comme souvent, rongé par de mauvais rêves... Heureusement, rien de trop horrible, car cela ne la réveilla pas. Ce fut son chat, deux heures après son arrivée, qui lui miaula son lever.

Ouvrant légèrement les yeux, la jeune fille se redressa, sur son matelas, un peu embrouillée

"Oui, oui... J'arrive...
Doucement, je suis encore un peu dans le sommeil..."

Le chat se frotta doucement contre elle, et passait dans ses jambes, lorsqu'elle lui servit ses croquettes. Se baissant, la jeune fille lui donnait donc à manger, lorsqu'une ombre, derrière elle, la fit relever. Se retournant légèrement, elle bredouilla, d'une voix quelque peu agressive

"Q-Qui est là ?!"

Personne. Pourtant, du côté de ses étagères, où elle avait calé ses livres de cours, il lui semblait sentir quelque chose... Mais qu'est-ce que cela pouvait-il être ?
Sur la pointe des pieds, en chaussettes -puisqu'elle avait ôté ses chaussures en entrant dans sa chambre-, elle s'approcha des étagères. Passant ses doigts fins sur la tranche des livres, elle regarda au niveau de l'espace entre les livres et l'étagère du dessous... (Je ne sais pas si tu vois ce que je veux dire X3) Oui... Il y avait quelque chose...

Mais alors qu'elle s'approchait légèrement plus, afin de distinguer ce qu'elle croyait voir, son apparition se révéla être vraie.

Impossible...
Le visage de son père... Ses yeux meurtriers la scrutaient sans relâche, à travers cette fente de quelques centimètres de haut. Sautant en arrière, les yeux écarquillés, elle poussa un hurlement déchirant, qui dépassa les couloirs des Xilifs

"HYAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH !!"

Aussitôt, elle fonça vers la porte, l'ouvrit avec une violence rare, et rejoint la salle commune des Xilifs, bousculant les rares élèves qu'elle croisait, afin de se jeter vers le passage qui devait mener vers la porte du bureau de la directrice...

Mais cela ne suffisait pas...
Non...
Elle n'allait pas assez vite...
Il était là, derrière elle, il la poursuivait !
Le laissant au détour d'un couloir, la jeune fille se jeta sur la porte de Morgana et commença à tambouriner, de ses poings, tant et si fort, qu'ils commencèrent à rougir, puis à saigner, sur la tranche, tandis qu'elle hurlait, à s'en déchirer la voix, comme impossible

"AAAAAAAAAAAAAAAH
MADEMOISELLE !! MADEMOISELLE !!
OUVREZ-MOII

JE VOUS EN PRIIIIE !!
OUVREEEEEZ !"

Une voix déchirée, désespérée
Comme si sa vie dépendait de l'ouverture de cette porte...
Si elle n'ouvrait pas rapidement...
Il serait trop tard...
L'enfant entendait déjà le souffle rauque de l'homme qui s'approchait derrière elle...

Mais...
Non, Evangeline
Il n'y a rien, derrière toi...

Fort heureusement pour Evangeline, Morgana se trouvait bien, à ce moment là, dans son bureau. Et que faisait-elle ? La jeune femme s'occupait simplement à visualiser un à un quelques dossiers de ses élèves, en cherchant quelques uns, comme par exemple celui de la jeune fille aux cheveux rouges, peu banale, qu'elle avait rencontré il y a de ça quelques heures, et qui semblait bien craintive lors de son arrivé.

Ah ! Sa fiche était là. La jolie blonde la prit simplement entre ses doigts fins, reposant alors toutes les autres et les rangeant avec attention au bon endroit. Cette petite fiche n'était que très peu remplie. On y apprenait simplement que Evangeline avait quitté ses parents à l'âge de 8ans, pour se retrouver chez une dame qui s'était chargée de continuer son éducation, jusqu'à son inscription dans sa première école de magie. Et puis, pour une raison qui n'était pas valable d'après Morgana, c'est à dire : Attitude Etrange, Evangeline s'était retrouvée à Farfélis, dans l'obligation de redoubler sa quatrième année.

Tout ça était bien flou. Pourquoi la petite avait-elle dû quitter sa famille si jeune ? Il n'était pas mentionner là que sa mère était toujours en vie, ni même que son père ne l'était plus. Ainsi, Morgana n'avait pas plus d'informations. Et elle n'eut guère le temps d'en trouver plus, que des bruits de pas rapides et violents se firent entendre dans le couloir.
La jeune femme se leva de son fauteuil de Directrice, aussi vivement que la vivacité de ces pas qu'elle entendait. Que se passait-il ?

Sourcils quelque peu fronçés, inquiète, la jeune femme se précipita vers la porte, gardant néanmoins toute ça grâce, alors que résonnait à présent des coups violents sur cette dernière, ainsi que les hurlements d'une enfant que Morgana reconnaissait sans mal : Evangeline.

La porte s'ouvrit presque immédiatement, face à une Morgana à la fois surprise et inquiète : Que lui arrivait-il ? Presque automatiquement, la jeune femme s'était même quelque peu retiré de devant la porte, laissant un petit passage à la jeune fille, au cas où elle soit poursuivit où quoi que ce soit d'autre.

Qu'est-ce qu'il se passe ?!

La jeune fille, absolument hors d'elle, entra en trombe dans le bureau de la directrice, lorsque cette dernière ouvrit la porte, apparemment étonnée d'un tel comportement et d'un bruit pareil. Ne laissant le temps à la directrice de rien faire, Evangeline se jeta contre la porte du bureau, la refermant en la claquant derrière elle.

SBLACKLM !

Evangeline se précipita vers Morgana, apparemment totalement traumatisée, alors qu'elle n'arrivait pas à se calmer. Gigotant un peu dans tous les sens, elle disait, d'une voix à la fois éclatante et troublée

"N'ouvrez pas la porte !!
N'ouvrez pas la porte !"

Son souffle saccadé lui faisait ressembler à un lion en fin de course, après une longue chasse fatigante. Ses yeux vacillants, sans teint, essayaient de capter ceux de la directrice, puis, alors qu'ils finirent par entrer en connexion, elle ne les lâcha plus. Evangeline attrappa la directrice, apparemment sans vraiment se rendre compte de son acte, par des pans de sa robe, entre les épaules et la poitrine (jsais pas si tu vois, encore X3), tâchant par ailleurs sa jolie robe pâle, par son sang qui suintait au niveau de ses poings écorchés par la violence de son tambourinement de porte...

"Je vous en supplie
Ne le laissez pas entrer !!
Ne le laissez pas m'approcher !"

Puis, dans son hallucination, il lui sembla que la porte s'ouvrait doucement, en grinçant légèrement. Alors, la jeune fille, paralysée, lâcha brusquement Morgana, et courut vers l'entrée, ses mains à plat contre le bois de cette porte, alors qu'elle la poussait, comme pour empêcher quelqu'un d'entrer...

En vain, évidemment... Puisque la porte était déjà fermée, et bien fermée. Mais elle continuait à pousser dans les vide, des larmes commençant à couler le long de ses joues, tandis qu'elle recommençait à crier son délire, d'une voix saccagée par le déchirement de l'effroi

"NOOON !!
Je vous en prie ! Je vous en prie Mademoiselle !!
NE LE LAISSEZ PAS ENTRER !!!"

Morgana n'en revenait pas : Que pouvait-il bien se passer d'aussi grave pour que Evangeline soit dans un tel état ? Et si quelqu'un attaquait l'école ?! Voyant la jeune fille claquer la porte violemment pour la fermer, la jolie blonde recula de quelques pas, son magnifique regard dirigé vers la jeune fille, l'air inquiet et plein d'incompréhension : Allait-elle lui expliquer ?

Evy se précipita alors vers elle, s'accrochant à sa robe. Le fait qu'elle la tache de son sang n'allait pas le moins du monde déranger la jolie blonde, qui avait bien d'autres choses à penser à cet instant. De toute façon, elle avait tellement d'autres robes qu'en perdre une n'était absoluement pas un drame. Sans doute une raction d'enfant gâtée, j'en conçoie. Hu Hu.

Non, elle n'allait pas ouvrire la porte, quelle idée. Mais qui allait entrer ? Gardant son calme au maximum, Morgana fronça quelque peu les sourcils, son regard se dirigeant cette fois-ci vers cette fameuse porte que la jeune fille avait si brusquement refermée. Il y avait donc quelqu'un qui suivait Evangeline ? Quelqu'un qui la visait elle, personnellement, d'après ce qu'avait pu comprendre la jeune Directrice.

Et si Evangeline n'avait pas vraiment été suivi ? Et si il s'agissait simplement d'un élève, innofensif, qui courrait en sa direction, sans pour autant la viser ? Comme à la gare, donc. Non. Morgana n'avait pas à avoir de telles pensées, et elle le savait. Cette histoire pouvait très bien être tout à fait vrai. D'autant plus qu'à cette époque, le monde de la magie, on pouvait le dire, n'était pas vraiment sûr.

Alors que Evangeline allait se coller à la porte d'entrée, la poussant comme si quelqu'un était déjà en train de tenter de l'ouvrire, Morgana sortie rapidement sa baguette, la pointant vers cette fameuse porte.

Sur un ton bien plus ferme et dur qu'à l'habitude, la jeune femme prononça cette simple formule :

- Collaporta !

Et on pu alors entendre un léger cliqueti au niveau de la cerrure.
La porte était verouillée.

Sourcils quelque peu fronçés, perplexe quand au comportement de la fillette, Morgana se dirigea vers la porte et l'en détacha, passant ses mains sur ses épaules avec douceur :

- Que se passe t-il Evangeline ? Qui est-ce ?

Sa voix était sans aucun doute bien plus sérieuse que lors de leur précédente rencontre. Evidemment, elle ne pouvait pas prendre cette situation à la légère. Comme je l'ai déjà dit, malgré toute sa légèreté d'esprit, Morgana était une bonne Directrice et portait énormément d'attention à la sécurité de ses élèves.

La jeune fille, détachée de la porte par Morgana, continuait à gigoter, même sous l'emprise de la grande femme. Les yeux gris d'Evangeline regardaient tantôt furtivement la porte, ou alors la fenêtre, le bureau... Ou Morgana elle-même. Sa respiration était forte et saccadée, la jeune fille n'arrivant pas vraiment à se calmer, dans des circonstances pareilles.

Les larmes coulant toujours sur le visage de la jeune fille, sans pour autant faire couler son maquillage qui était sans aucun doute waterproof, alors qu'elle regardait à présent Morgana, et seulement elle, la bouche entrouverte, les yeux écarquillés.

La directrice lui demandait qui est-ce que c'était, et qu'est-ce qui se passait. La jeune fille, dans tous ses états, répondit brusquement, toujours confuse

"D-Dans ma chambre !
J'ai... J'ai regardé entre mes étagères... E-Et il était là !"

Il ? Mais qui... Il ? Evidemment, sur le coup, elle y avait reconnu son père... Mais elle n'arrivait plus à dire ce mot... En dehors de cet instant, elle ne se souvenait plus exactement ce dont il s'agissait...

"Son regard meurtrier !
Ses yeux !!"

Elle serra les dents, comme pour s'empêcher de se mordre la lèvre, puis, une fois de plus, elle éclata

"Il m'a suivi !
Courant après moi, dans les couloirs...
I-Il... Il va rentrer ! Il va rentrer dans votre bureau !"

Puis
D'un seul coup
Elle se figea sur place.
Son visage se tourna, d'une extrême lenteur, vers la fenêtre du bureau, les yeux toujours grands ouverts. Puis, alors que son regard captait la vitre, elle eut un brusque mouvement, assez violent pour déloger les mains de Morgana sur ses épaules, alors que l'enfant hurlait à nouveau

"HYAAAAAAAAAAAH !!"

Le regard rempli d'effroi fixant la fenêtre, elle recula, recula, jusqu'à rencontrer un mur, s'y laissant tomber. Les lèvres tremblantes, les yeux largement étirés, elle respirait à nouveau comme une bête, semblant jouer des mains pour se débattre d'une étreinte inconnue, inexistante.

Son regard éteint fixé sur la fenêtre
Evangeline semblait prise de lourds spasmes,
Associés à des frissons d'effroi qui se lisaient sur son visage...

A la fenêtre ?
Qu'y avait-il ?
Rien, evidemment.
Mais elle y avait vu l'homme
Qui la regardait
Ses yeux sombres rivés sur elle...

Le coeur serré face aux larmes d'angoisse de son élève, Morgana lui portait alors la plus grand attention, attendant ses paroles avec une certaine inquiètude. Si quelqu'un la suivait réellement, ça n'était pas bon, pas bon du tout. Les barrières magiques contre les forces du mal avaient-elles était franchies ? C'était peu probable, mais malgré tout possible. Et si c'était vraiment le cas, Morgana aurait à évacuer l'école au plus vite, faisant repartir tous les élèves dans leurs familles respectives, envoyant ceux qui n'en avaient pas en familles d'accueil.

Mais ça n'était pas pour autant que la jeune femme paniquait : D'apparence, elle restait droite et calme, malgré une grande inquiètude visible au fond de son magnifique regard bleuté. Bien sûr, cette situation l'angoissait. Bien sûr, elle craignait que certaines choses arrivent. Mais elle ne perdait pour autant pas son sang froid : Pour l'instant, elle restait toujours dans le doute, le flou total.

Et, pleurant, Evy tentait de lui expliquer. Elle avait donc vu quelqu'un ... entre ses étagères ? Un regard meurtrié. Non, ça ne pouvait pas être un être humain, du moins, pas corporellement. Cacher quelqu'un entre des étagères étaient impossible. Sauf s'il ne s'agissait que d'un sortilège d'illusion, où de clonage intemporel. Qui sait.

La jeune femme se sentie alors elle-même un peu plus calme, bien que ne changeant pas son regard inquiet : Evangeline était toujours terrorisé, et ça n'était pas normal. Alors que la fillette disait que cet individu allait rentrer dans son bureau, Morgana s'approcha d'elle avec douceur, tout son corps frissonant a son cris d'effroi. Elle regardait vers la fenêtre.

Morgana s'y retourna, pour regarder : Rien.

Son regard se reposa alors vivement sur Evangeline qui, dos au mur, recula jusqu'à s'y laisser tomber. Son regard et ses larmes ne faisaient que provoquer en Morgana une immense detresse. Comme si son coeur se détachait : Elle ne parvenait pas à protèger cette enfant de ses peurs, et elle ne parvenait pas non plus à savoir si ce qu'elle voyait était hallucination ou réalité.

Et ces visions provoquaient chez la fillette une immense violence en elle, tant physique que mentale. Morgana ne tarda guère à la rejoindre, accroupie face à elle, sa baguette toujours en main, la baguette se tourna quelque peu vers la fenêtre et prononça calmement, mais rapidement :

- Protego !

Une lumière bleue sortie alors de la baguette de la jeune femme, formant par la suite comme une fine couche magique, bleue transparente et pourtant opaque, entre Morgana et son élève.

La jeune femme posa alors les yeux sur Evangeline, bien plus proche d'elle qu'à n'importe quel moment jusqu'à présent. De telle sorte que l'enfant pouvant parfaitement sentir l'extrème douceur du parfum de sa Directrice.

Et alors ?

Morgana ne la touchait pas, néanmoins. Mais son regard, lui, la touchait. Bien plus qu'un simple regard, celui de la Directrice était comme envoutant, mystèrieux et à la fois provocateur par tant de bonté.

- N'ai pas peur. Là, il ne peut rien t'arriver. Crois-moi ...

Bien sûr, Morgana ne pouvait que se poser certaines questions, lourdes de sens : Et si quelqu'un était réellement là ? Et si cette personne s'attaquait aux autres élèves ? Et si, alors qu'elle se contentait de n'en protèger qu'une, Morgana était en train de perdre tous ses autres protègés ? Non.

La jeune femme ferma un instant les yeux, comme pour se remettre les idées en place. Mais un bruit ne tarda pas à les faire se re-ouvrir, et se tourner vers la fenêtre.

SKPRIIIITCHZ

Des eclats de verre, et ... un cognard ?!

Oui, une de ces vilaines bals de Quidditch qui servaient à agresser les joueurs. Morgana fronça les sourcils, comme tout à coup prise de colère. Qui avait eu l'audace d'envoyer ça en direction de la fenêtre de son bureau ?!

Néanmoins, on ne pouvait nier que ce petit incident venait de servir d'exemple : Lorsque le cognard frappa la sorte de bouclier formé par Morgana, ce dernier fût immédiatement renvoyé de l'autre côté, sans la moindre déformation du cercle de protection autours des deux jeunes femmes.

Sur ce, un élève, sur son balais, apparut derrière la fenêtre brisé. Il parrut visiblement étonné de voir la Directrire, avec une élève, sous un sortilège de protection. Après hésitation, le jeune garçon lança avec timidité :

- Euh ... Pardon.

Et le cognard, comme s'il l'avait entendu, fonça sur lui.
C'est ainsi que tout deux repartirent vers de nouvelles aventures, laissant les deux jeunes femmes là, à nouveau seules.

Et comment Evangeline allait-elle réagir face à de tels rebondissements ?
La suite au prochain épisode ... Hu Hu. <3

La jeune fille qu'était Evangeline se laissait encore dépasser par ses émotions, de grands spasmes incontrôlables parcourant son frêle corps, tandis que ses yeux écarquillés fixaient la fenêtre en face d'elle. Ses mains, rassemblées vers elle, tremblaient avec violence, tandis qu'elle faisait mine d'essayer de se protéger avec.

Lorsque Morgana vint vers elle, avec douceur, les yeux de l'enfant la suivirent dans le moindre de ses mouvements, jusqu'à ce que la directrice soit tout près d'elle, sans la toucher.

Apparemment, elle venait de lancer un sort de protection, comprenant Evangeline... Et elle-même, dans la fine bulle bleutée qui s'annonçait protectrice de leur vie. Mais toujours l'enfant ne semblait pas rassurée, et, bien qu'elle fixait la directrice dans les yeux, des siens, animés par une étrange lueur d'effroi, comme si elle était totalement dans un autre monde, elle n'était pas calmée... Loin de là.

Près, très près...
Morgana était tout proche
Elle pouvait sentir son doux et léger parfum qui l'entourait telle une ronde de fleurs odorantes...

Cette idée de proximité avec une femme si pure rendait la jeune fille encore plus mal, doutant de plus en plus d'elle-même... Cela était insupportable...
Sans compter cet homme...
Qui la poursuivait...

"Je...Je n'arrives pas..."

Mais, à ce moment-là
A ce moment précis où elle allait dire quelque chose à la directrice, un cognard entra dans la pièce, faisant par ailleurs exploser la vitre sur son passage, créant un vacarme infernal, qui fit d'ailleurs sursauter la jeune fille...

Mais, cette fois-ci, pas de hurlement.
Ses yeux écarquillés se posèrent une fois de plus sur Morgana, qui était en face d'elle, alors qu'elle ne respirait plus, sous le sursaut.

Lorsque l'élève fut parti et que Evangeline sembla reprendre quelque peu ses esprits, sa respiration devint très étrange...
D'abord très rapide
Puis rauque et profonde
Pour finir en un léger souffle saccadé, comme si elle étouffait...

On...
L'attaquait... ?

Alors que la jeune fille relevait le visage vers Morgana, les larmes semblaient lui monter à nouveau aux yeux, alors qu'elle suffoquait sur place...

Sa main droite semblait tâtonner auprès d'elles, comme si, machinalement, elle cherchait quelque chose... Enfin, elle passa sa main dans sa poche, et, d'une main plus que tremblante, sortit sa baguette, alors que ses yeux restaient grands ouverts, et que son visage était prit de violents spasmes, la faisant sursauter sur place

"Non..."

Les larmes, dépassant ses paupières, coulèrent sur ses joues, alors que ses lèvres tremblaient, entrouvertes.

Si, plus tôt, elle avait hurlé contre une attaque, maintenant, elle semblait figée sur place, comme si elle commençait à faire une attaque quelconque...
Pâlissant à vue d'œil, les dérangements mentaux d'Evangeline se répercutaient sur son physique, avec grande violence...

Morgana n'avait sans doute jamais été confrontée à une personne comme cette jeune fille...
Sans doute était-elle touchée ? D'une façon ou d'une autre...
Pauvre dame...

Et
Pauvre enfant...

Mal,
Si mal...
En proie à son effroi, ses craintes, ses angoisses...
Et tant de choses...

En effet, cette situation était plus que nouvelle pour Morgana. Tant que la jeune femme, toujours enfermé sous un bulle de protection avec Evangeline, ne savait plus trop quoi faire pour la rassurer. Il ne lui fallut néanmoins guère de temps avant de réaliser que toute protection physique qu'elle soit, comme le verrouillage de la porte de son bureau, ou encore ce sortilège efficasse, l'enfant n'était pas pour autant moins craintive. Et pour celà, Morgana n'avait plus vraiment de doutes : Eva avait de violentes halucinations, simplement.

Alors qu'elle gardait sa baguette en main afin de préserver la présence du bouclier magique, la jeune Directrice vit son élève sortir la sienne, le regard toujours plein d'effroi et rempli de larmes.

Il n'y avait donc plus rien à faire ?

Evangeline semblait comme se faire étrangler par des mains invisibles, ce qui n'allait pas pour rassurer la jeune femme. Comment faire poure balayer ses peurs et angoisses ? Comment faire ?

Et non. Pour une fois, Morgana ne souriait pas.
Son ventre était noué et elle doutait inéluctablement de ses capacités à gèrer une telle situation. Et puis, comme si c'était encore la seule solution qu'elle pouvait envisager, oubliant absoluement tous les principes de l'écoles, oubliant le fait que ça pouvait ne pas marcher, Morgana, sans pour autant lacher sa baguette, passa ses bras autours de la fillette, la serrant avec douceur et protection.

Et puis, baissant quelque peu la tête pour atteindre l'oreille de son élève, la jeune femme murmura avec le plus de calme possible :

- Ferme les yeux.

Pause.

- Ferme les yeux Eva, il s'en ira.

Morgana, se mordant la lèvre inférieur pour ne pas défaillir sous tant d'émotion, finit par fermer les yeux elle-même.
Bien sûr, Eva pouvait très bien la repousser : Ca serait compréhensif ? Non. Pas devant tant de gentillement et de protection ... maternelle ? Morgana avait décidemment cet instinct dans toutes les situations, même si, elle-même, n'avait pas d'enfants. Hu Hu.

La jeune fille se laissa enlacer par la directrice, n'étant pas vraiment en état pour la repousser, dans de pareilles circonstances... Les larmes coulant sur la robe de Morgana, Evangeline écouta les paroles de la grande femme au si doux parfum...

Fermer les yeux ?
Pourquoi donc... Fermer les yeux ?

Pourtant, alors qu'elle suffoquait et tremblait toujours, sa baguette lui échappant des doigts pour rouler par terre, elle suivit les paroles de la jeune femme et ferma les yeux.

Le voyait-elle encore ?
Non. De toutes façons, il avait disparu au moment où le cognard avait brisé la vitre, et n'avait pas réapparu... Mais la jeune fille avait peur de se retrouver à nouveau dans sa chambre... Et s'il était encore entre les étagères ? S'il attendait qu'elle sortait du bureau de la directrice ?

La voix inassurée et tremblante de la jeune fille se fit alors à nouveau entendre, entre quelques respirations difficiles

"Mademoiselle..."

Elle rouvrit les yeux, et, prise d'un spasme, fut victime d'un léger sursaut, au bruit que fit un élève, passant dans le couloir, non loin de là. Avec de grandes difficultés, la jeune fille ajouta alors, d'une voix éteinte, apparemment légèrement calmée

"Vous ne pouvez pas me garder dans votre école..."

Puis elle enfouit son visage sur l'épaule de la grande femme, comme passant outre le fait... Que, tout de même, elle était la directrice de l'école. Mais elle avait peur, si peur... Et elle ne savait tellement pas comment faire... Où aller...

Etait-elle... Perdue ?

La jeune Directrice, serrant quelque peu son élève contre elle pour la rassurer, réouvrit les yeux en entendant le premier mot de cette dernière. Oui ? Evidemment, elle était complètement à son écoute; De toute façon, toutes deux étaient seules, bien protègées derrière ce bouclier d'un bleu les y refletant.

Au sursaut de la fillette, Morgana la serra un peu plus, sans pour autant l'étouffer, bien sûr. Sa peur, certainement, se transmettait en la jeune femme qui, bien que très émotive, gardait son sang froid en cette situation peu banale.

Comment ça, elle ne pouvait pas la garder dans son école ?! A ces paroles, la jolie blonde soupira quelque peu, comme pour reprendre ses esprits, fermant les yeux et passant tendremenent une main dans les cheveux de son élève, au niveau de la nuque. Bien sûr qu'elle pouvait la garder. Par ailleurs, il était hors de question pour Morgana de laisser tomber Evangeline. Mais alors que faire pour la rassurer ? Que faire pour qu'elle se sente en sécurité à Farfélis ? La jeune femme ne savait plus très bien ...

Sur ce, elle se contenta de répondre, avec on ne peut plus de douceur dans la voix :

- On trouvera une solution Eva ... Mais tu resteras. Je pense sincèrement que Farfélis est l'endroit où tu es le plus en sécurité ...

Et elle était sincère, en effet.
Le son de sa voix refletait cette réelle sincerité, tout comme le fait que Morgana était une femme pure et dont on pouvait avoir confiance.

Alors, quelle solution ? Peut-être, exeptionnellement, faire dormir la fillette dans le couloir des professeurs, dans la chambre libre juste à côté de celle de la Directrice ? Peut-être. Ou pas.

La jeune fille semblait se calmer, peu à peu, puis finit par retrouver une respiration plus ou moins normale... Elle était enveloppée du doux parfum de la directrice, et cela semblait la rassurer, comparément aux odeurs de la mort et de la culpabilité qu'elle avait pu sentir en même temps que ses hallucinations qui lui prenaient ses pensées...

Enfin, alors qu'elle fermait les yeux une dernière fois pour se donner du courage, tout en entendant les paroles de la jeune femme, elle eut un léger soupir, puis, se redressant légèrement, montrant à Morgana qu'elle voulait se défaire de son étreinte pour lui dire quelque chose, elle put se déloger légèrement.

Lorsqu'elle eut à nouveau l'occasion de regarder Morgana dans les yeux, des siens, gris et éteints, elle eut un léger froncement de sourcils, puis, après un léger mordillement de la lèvre, elle prit son inspiration et dit enfin

"Je suis désolée Mademoiselle."

Puis, se levant complètement, reprenant sa baguette et la mettant dans sa poche, elle ajouta

"J...Je vais retourner dans ma chambre...
Veuillez m'excuser pour le dérangement..."

Elle se mordilla la lèvre inférieure, ajoutant, apparemment honteuse

"Je ne voulais pas..."

Evidemment, elle aurait voulu ne pas attendre de réaction de la part de la directrice et s'enfuir en courant, aller se réfugier quelque part, mais la grande blonde avait fait un sortilège de Protego, et elle ne pouvait le briser... Et non plus passer au travers, tant que Morgana ne l'avait pas fait disparaitre...

Voyant que son élève commençait doucement mais sûrement à reprendre ses esprits, Morgana la laissa se détacher d’elle. Néanmoins, à cette séparation, la jeune femme eut un léger frisson : Evangeline la touchait énormément, incontestablement. Et la fillette disait être désolée. Et ce fût certainement de ceci que fût désolée Morgana. Après tout, n’était-ce pas son rôle ? Soutenir ses élèves dans n’importe quelle situation ? Probablement la jeune fille avait-elle eu l’impression de dépasser les limites ? C’était sans doute le cas, oui, mais la jeune Directrice voyait avant tout l’aspect le plus important de la chose en son geste : La Rassurer, la protéger …

Tenant toujours fermement sa baguette en main, préservant le sortilège du Protego, la jeune femme se contentait alors de regard Evangeline de ce regard si pur, doux et maternel : Pourquoi semblait-il si honteuse ? Si coupable d’avoir dérangé la Directrice ? Elle ne l’avait aucunement dérangé. Enfin, d’une certaine façon, oui, j’en conçois, mais dans le fond, il n’y avait aucun autre problème que celui qui venait enfin de sauter aux yeux de la jeune femme : Eva n’était pas une enfant comme les autres, et était en proie à de violentes hallucinations.

Il allait falloir l’aider à se guérir de ces angoisses, une bonne fois pour toute. Et qui était le mieux placé pour ça ? Une psychologue ? Non. Cela n’était qu’un moyen pour les moldus de croire qu’ils étaient écoutés, le centre d’une attention. Non, bien sûr, Morgana était capable de bien plus que ça. Elle ferait des recherches, au plus vite, afin de résoudre par la magie, la détermination et collaboration, le problème de son élève. Et elle y parviendrait, certainement, si Evangeline lui accordait sa confiance.

Sur ce, se doutant qu’à partir du moment où elle annulerait le sortilège, Evangeline en profiterait pour se sauver rapidement, Morgana laissa entendre quelques mots avec douceur, mais fermeté :

- Et moi je ne veux pas que tu t’excuses.

Nan mais Oh !

Ca n’était pas la peine, puisque de toute évidence, Morgana compre

nait, et qu’elle comprenait d’autant plus que ce ne soit aucunement la faute de la jeune fille si elle était tant effrayée.

Enfin, esquissant un fin sourire réconfortant, la jeune femme ajouta sur le même ton :

- Si tu ne veux pas retourner à ta chambre maintenant, je comprendrai.

Certes, le couvre feu allait bientôt tomber, mais ça n’avait rien à voir. Evangeline n’avait pas à rester seule après une telle frayeur. Alors, Morgana avait-elle quelque chose à lui proposer ? Dormir avec une élève n’était pas chose décente, et cela était évidemment hors de question. Alors quoi ? Sachant que le bureau de Morgana était probablement l’endroit le plus sécurisé de l’école, et que, ayant du travail, la jeune femme allait y rester un peu tard dans la soirée avant d’aller se coucher, elle laissa simplement entendre, sans pour autant avoir l’air de forcer la main à la jeune fille :

- Tu peux rester dormir ici si tu le souhaites.

Elle fit un signe de tête en direction du sofa présent dans le bureau, tout en faisant un léger coup de baguette qui fit disparaître le cercle de protection.

- Je vais rester travailler tard. Et je reviendrai tôt demain matin.

Sourire calme.

La baguette levée vers la fenêtre cassée, Morgana ajouta, pour terminer :

- Réparo

Et les morceaux de verre brisés, à terre, volèrent jusqu’à la fenêtre et se recollèrent seuls, d’une manière totalement impeccable. Bien joué.

La directrice, toujours aussi douce, toujours aussi attentionnée, lui dit alors qu'elle ne voulait pas qu'elle s'excuse. A cette demande, la jeune fille baissa simplement les yeux, à nouveau. Pourquoi l'empêchait-elle de se désoler du mal qu'elle avait pu causer et du soucis qu'elle avait dû donner à la grande femme... Qu'elle avait rencontrée le jour même ?

Décidément, tout allait mal.

La jeune fille se perdit un instant dans ses pensées... Tantôt elle songeait à son arrivée à l'académie, tantôt elle se rappelait des bribes de son passé, qu'elle n'arrivait pas vraiment à décrypter, malgré ses efforts qui se voyaient légèrement à l'extérieur par un léger froncement de sourcils. Enfin, elle sembla peu à peu revenir sur terre lorsqu'elle releva légèrement la tête vers la directrice...

C'était simple : Elle lui adressait la parole.
Mais pour quoi dire ?
Les paroles s'embrouillaient dans la tête de la jeune fille qui ne semblait pas tout à fait se rappeler où elle était...

Rester ici pour la nuit ?
Mais pourquoi ?

La jeune fille se tourna vers la porte. Fermée.
Elle se retourna à nouveau, brusquement, vers Morgana. Elle avait l'air bien gentille. Mais oui, elle l'était, gentille. Et attentionnée. Et chaleureuse.

Mais d'un seul coup, la jeune enfant sembla à nouveau perdre le contrôle d'elle-même, en proie à un nouveau type de folie point encore exploré par la jeune directrice... Décidément, elle n'en avait pas fini, avec cette enfant... Soudainement, le peu de couleur qui était réapparu sur le visage de la jeune fille disparut, et sa bouche retomba alors en une expression d'effroi, alors que ses yeux s'écarquillaient à nouveau. Dégainant sa baguette, elle la pointa sur Morgana, une expression terrifiante inscrite sur son visage enfantin qui semblait avoir prit quelques années en un seul coup.

D'une voix assurée, mais tout de même assez éteinte et déchirée, elle lança, regardant la femme dans les yeux, une flamme étrange brillant au fond de ses yeux

"Relâchez-moi !
Vous n'avez pas le droit de m'enfermer comme ça !
Qu'avez-vous l'intention de me faire ?!"

Puis, reculant petit à petit, elle se cogna contre la porte. A tâtons, elle chercha la poignée de la porte, et, rangeant sa baguette, tournant brusquement le dos à la directrice, elle se prit à deux mains sur la poignée, la faisant claquer et bringuebaler entre ses doigts fins, commençant à paniquer. Si la porte n'était pas fermée à clef, Evangeline la voyait et la sentait comme telle, et s'acharnait dessus dans le but de l'ouvrir, alors qu'elle commençait une nouvelle crise d'anxiété.

"Non ! Laissez-moi partir !
Laissez moi ! Laissez moi !! LAISSEZ-MOIII !!"

Sa voix se faisait de plus en plus forte, pour finir en de déchirants cris qui lui faisaient mal à la gorge mais dont elle croyait sentir la necessité

"NOON !! NOOOON !! LAISSEZ-MOI SORTIR !!
JE VOUS EN SUPPLIE !!
AIDEZ-MOI ! OUVRE-MOI !!"

Maintenant, elle s'adressait aux gens de l'extérieur, tambourinant à la porte à s'en briser les doigts

"OUVREZ-MOI JE VOUS EN PRIIIIIE !!"

Puis, se tournant vers Morgana, les bras en croix, plaquée contre la porte, les yeux écarquillés, un visage déformé par l'effroi... Mais étrangement fort beau et esthétiquement sans défauts. Sa respiration se faisant difficile, elle semblait voir le démon, alors qu'elle fixait la grande femme, lui disant, d'une voix remplie d'horreur et de culpabilité

"Relâchez-moi !
Je vous en conjure, vous ne tirerez rien de moi !
Je...Je n'ai..."

Elle reprit son inspiration, ce qui la fit grandir de quelques centimètres, puis elle éclata, à nouveau

"JE N'AI TUE PERSONNE !!
OUVREZ-MOI !"

Etrange jeune fille...
Mais à quoi pensait-elle ?
Et... Quel type de passé avait-elle pu avoir pour devenir ainsi... ?

Voyant le visage d'Evangeline se décomposer à ses paroles, Morgana vit disparaître son charmant sourire. Qu'avait bien pu pouvoir comprendre la fillette pour réagir ainsi ? Et encore, la jeune Directrice n'avait encore rien vu. Quelques courtes secondes plus tard, Evangeline pointa sa baguette en sa direction, l'air presque démoniaque, lui ordonnait de la relâcher. La relacher ? Mais personne ne la forçait à rester ici. Néanmoins, cette réaction ne pu que déplaire quelque peu à Morgana. Restant exterieurement très calme, la jeune femme n'en était pas moins froissée.
Personne encore ne l'avait cru capable d'emprisonner quelqu'un, où que ce soit, qui que ce soit. Et là, alors qu'elle n'avait fait que proposer une solution à la fillette pour soulager ses craintes, elle l'accusait de vouloir la garder enfermé ? Par ailleurs, cette solution était-elle à envisager ?

De toute évidence, Eva n'était pas vraiment prête à cohabiter avec d'autres élèves. Et pour leur sécurité, sans doute serait-il nécessaire de garder la jeune fille à l'éccart ? Non. Sûrement pas. Les élèves n'auraient qu'à rester sur leurs gardes. Après tout, celà ne pouvait que les entrainer à se défendre, contre Evy ? Contre les mésaventures de la vie, tout simplement.

Ne bougeant pas, serrant sa baguette entre ses doigts au cas où l'enfant aurait l'audace de l'attaquer, Morgana la regarda alors se jeter sur la porte avec rage, tentant de l'ouvrire en hurlant. Fronçant quelque peu les sourcils, la jeune femme ne cèda pas. Faire sortir Evangeline à cet instant lui semblait être une erreur. Il fallait avant tout qu'elle se calme.
Et sans doute, certainement, qu'elle apprenne à rester calme. Mais celà, nous le verrons plus tard.

Se tournant à nouveau vers Morgana, visiblement pleine d'horreur et de culpabilité, l'enfant laissa alors entendre qu'elle n'avait tué personne.

Quoi ?

Pourquoi dire ça ?

Jamais Morgana n'avait dit, ni même pensé une chose parreille !
Mhm. Etrange.

Gardant toujours son calme, la Directrice semblait rester de marbre devant cette petite crise de son élève. Elle n'allait tout de même pas se laisser faire par une enfant, elle, la Directrice de l'école.

Ne laissant toujours pas la porte se déverouiller, la jeune femme fixa Eva avec une certaine fermeté. Mais soyons honnête, même cette fermeté, sévère, semblait être maternelle. Telle une mère qui tenterait de raisonner son enfant, dans le calme, sans cris.

La pièce resta un instant sans un bruit, plus calme que jamais depuis l'arrivée inatendue de la jeune fille. Il était temps pour la Directrice, sans doute, de faire preuve d'une autorité juste. Quelques paroles se firent alors entendrent :

- Evangeline ?!

Pause, Morgana fixa l'enfant avec insistance :

- Calme-toi !

Ferme et direct, la jeune femme avait, sur ses mots un tant soit peu brutaux comparé à son habitude, les sourcils quelque peu froncés.

Sur ce, n'ajoutant rien, elle retourna près de son bureau, s'installant avec grâce et calme sur son fauteuil, avant de reposer son doux regard bleu, magnifiquement envoutant, sur la fillette, les mains croisées posées sur ce fameux bureau. Alors, haussant quelque peu les sourcils, tout en faisant signe à l'enfant de venir s'asseoir face à elle si elle le désirait, la jeune femme ajouta avec on ne peut plus d'attention :

- Tu préfères retourner à ta chambre ? Très bien, ça n'est pas du tout un problème, au contraire.

Pause.

- Mais je ne tolèrerait pas que tu cris comme ça. Que ce soit contre moi, où contre quiconque dans cet établisemment, c'est bien compri ?

Et oui. Morgana était très sérieuse. Et le fait que celà ne soit pas vraiment dans son habitude pouvait parraître d'autant plus impressionant pour la personne à qui elle s'adressait. Bien sûr, elle ne fraperait pas. Bien sûr, elle ne torturerait pas. Mais qui a dit que la violence était l'unique moyen de punir efficassement ?

Non. Morgana n'allait pas laisser tomber Evangeline. Et tout celà commençait par lui apprendre à contrôler ses comportements sauvages, sans doute.

La jeune fille, aux paroles de la grande femme, releva le regard vers elle, regard rempli d'effroi, dont les yeux ne semblaient plus être les siens... Passés dans un autre monde. Plus les secondes passaient, plus elle respirait profondément, tout de même d'une façon saccadée qui lui empêchait de prendre assez d'air. La directrice sembla lui désigner une chaise afin qu'elle s'assoie devant elle, mais Evangeline refusa en secouant la tête, apparemment terrorisée, et toujours collée contre la porte.

"Non... Non... Non... Non... Non..."

Les lèvres tremblantes, elle jetait un regard à droite, à gauche, cet unique mot sortant de sa bouche, comme une emprise à un quelconque délire... Mais à qui diable répondait-elle ?

Elle n'entendit presque rien de ce que lui disait la jeune blonde, tellement elle était à l'extérieur de son monde... Cependant, une phrase lui parvint à l'esprit, phrase qu'elle capta sans trop de problèmes. Mais je ne tolèrerait pas que tu cris comme ça. Que ce soit contre moi, où contre quiconque dans cet établissement, c'est bien compris ?"... Qu'elle crie ?

Qu'elle crie ?
Mais elle ne criait pas... Si ?
Ah ! Si !
Pour sortir ? C'était de cela, dont elle parlait ?
Ouiii, certainement...

Evangeline sembla perdre absolument toute crainte pour se retrouver complètement amorphe, fixant la directrice... Sans la voir, de ses yeux sans teint. Son visage était devenu neutre, comme celui d'une poupée, et sa bouche semblait bouger sous un enchantement, alors qu'elle disait, d'une voix sombre et effrayante, très semblable à celle d'un...

Robot.
Un automate...

"Je-ne-crierais-pas...Si..."

Ses yeux vides semblaient s'écarquiller légèrement, alors qu'elle continuait sa phrase, perdant toute notion du "où suis-je" et "a qui est-ce que je parles"...

"Si-tu-ne-me-retenais-pas-ici...
C'est...si sombre...
Pour-quoi... Un-cou-teau ?"

Elle plaqua ses deux mains contre son cœur, fixant toujours Morgana, apparemment certaine qu'elle tenait un couteau, comme son père autrefois, et que ce bureau était celui de son défunt paternel... Subirait-elle une vengeance ? Deux larmes coulèrent sur chaque joue de la jeune fille, alors qu'elle demandait, d'une voix à nouveau éteinte et plus humaine

"Avez-vous prit rendez-vous avec la mort pour moi ?"

Cette peur que ressentait Evangeline se répercutait inbéluctablement sur le jeune Directrice qui, assise à son bureau, fixait l'enfant avec grande inquiètude. Cette dernière avait bien retourvé ses esprits quelques secondes, mais celà n'avait pas duré bien longtemps. Alors, que faire maintenant ? Evangeline ne semblait plus savoir où elle était, qui elle était, ni-même à qui elle parlait sur ce ton. L'aurait-elle tutoyé ainsi en temps normal ? Certainement pas, et Morgana n'en doutait pas.

Evangeline était une jeune fille très polie, d'après ce qu'elle avait pu voir de ses moments de calme. Et son angoisse était si forte qu'elle en perdait la tête, n'est-ce pas ? Oui. A présent, tournée vers la jolie blonde, Eva sembla voir sur elle un couteau. Regardant autours d'elle, comme pour vérifié qu'aucun objet coupant ne trainait par là, Morgana releva son regard intense en direction de la fillette.

Un rendez-vous ... Avec la mort ? Pour Elle ?!

La Directrice senti son ventre se nouer quelque peu. Que voulait-elle dire ?
Estimmant que cette situation ne pouvait plus guère durer, la jeune femme se leva à nouveau, à la fois inquiète et consternée :

- Bien sûr que non, que dis-tu !

Et pour montrer pattes blanches, Morgana posa sa baguette sur son bureau, toujours face à elle, et montra ses mains, vides, pâles et fines, à la jeune fille qui se tenait toujours plus loin, vers la porte.

Bien Bien. Que faire ?! Voyant les larmes d'effroi de son élève, Morgana se mordilla la lèvre inférieur. Sans doute, à présent, pour soulager ses craintes, n'avait-elle plus qu'à ouvrir cette porte, comme elle le désirait ?
Soupirant quelque peu, comme désolée de ne pas parvenir à l'aider, mais plutôt l'enfonçant malgré elle dans la peur, la jeune Directrice reprit sa baguette, la pointant vers la porte, et donc, en conséquent, pas loin d'Evangeline :

- Alohomora.

Cliick.

Sa baguette se rabaissa, doucement.
La porte était ouverte.

Morgana n'ajouta rien, se contentant de fixer son élève avec un fond de douceur, mais sans doute, aussi, de déception. Elle ne comprenait pas. Qu'on la croit capable de tuer ? Celà n'était encore jamais arrivé, et celà n'arrivera jamais. Et même si, maintenant, elle était sûr d'avoir affaire à une enfant mentalement perturbée, la jeune Directrice aurait probablement besoin d'un peu de temps pour avaler ça. Cette dernière scène l'avait plutôt brusquée, perturbée ? Elle était à la tête d'une immense école mondialement reconnue, mais celà ne l'empèchait certainement pas de rester une femme hyper sensible ... Hu Hu.

La jeune fille fixait toujours Morgana lorsque celle-ci lui répondit que bien sûr que non, elle n'avait prit aucun rendez-vous morbide pour elle... Cette réponse sembla d'ailleurs faire revenir la jeune fille à ses esprits.

Sa vue revint alors à la normale, et elle put percevoir la directrice... Devant son bureau, ses mains pâles sans baguette... Ni même de couteau. Seulement sa jolie face pleine de grâce et de douceur, de pureté et d'atouts. Se rendant compte de cela, il fut un nouveau choc émotionnel pour la jeune fille, qui en tomba à genoux, devant le bureau de la grande femme, les mains sur les joues, les larmes aux yeux, la bouche entrouverte.

Elle balbutia, d'une voix morte

"Je... Je..."

Puis, se redressant d'un coup, elle se jeta sur le bureau de Morgana, les deux mains à plat sur le bois du plateau, et la regardant dans les yeux, apparemment affolée

"Je suis vraiment navrée, Mademoiselle !"

Ses sourcils se fronçaient d'anxiété tandis qu'elle se mordillait la lèvre inférieure, ne savant pas comment elle pouvait réparer de telles erreurs. Elle ne se souvenait pas de tout ce qu'elle avait fait ces dernières heures... Tout ce qu'il lui venait à l'esprit, c'était qu'elle venait de se rendre compte qu'elle était ailleurs... qu'à l'endroit où elle avait cru être. Elle savait qu'elle n'avait pas vu les bonnes choses. Ainsi, toujours face à Morgana, elle disait, d'une voix rapide, comme si elle était d'un seul coup prise d'une peur inexplicable... Qui aurait pourtant pu se résumer à la peur d'être très mal vue de la directrice...

"Je... Je ne voulais pas...
Oh, qu'ais-je encore fait ? Je... Je ne me souviens pas..."

Elle se passa une main sur le front, fiévreuse, alors qu'elle ajoutait

"Vous... Vous n'étiez plus là... Et... Mais lui..."

Elle regarda à nouveau Morgana, les yeux empreints d'une crainte certaine

"Cet homme... Il était à votre place... Vous-êtes vous absentée ?"

Comme si les mots, les gestes et le regard de la jeune Directrice avaient été très lourds de sens, Evangeline changea à nouveau complètement d'attitude. Bien que toujours effrayée, la jeune fille semblait tout à coup perdue, comme ne sachant plus faire la différence entre ce qu'elle croyait voir et ce qui était la réalité.

Morgana, toujours debout entre son fauteuil et son bureau, ne bougea pas d'un cil lorsque l'enfant fonça en sa direction, plaquant les paumes de ses mains sur le bois du bureau. Elle était navrée, donc. Morgana haussa quelque peu les sourcils, à la fois douce et perplexe. Que lui passait-il par la tête, au juste ? Et si un mage noir s'était emparé de son innocent esprit ? Et si quelqu'un, par le biais de la magie, avait à distance le contrôle de son esprit, de son corps ? Et sans doute, parfois, Evangeline se retrouvait, le temps de quelques secondes qui étaient probablement trop courtes pour qu'elle se rende compte du stratagème.

Et oui, la jeune Directrice n'allait épargner aucune piste. Tout celà n'était pas normal, que celà vienne d'Evangeline ou d'une source exterieure et malsaine.

Et voilà que la fillette semblait avoir peur du regard de la Directrice, peur de ce qu'elle pouvait penser d'elle. Celà n'était pas bien dur à deviner, d'après Morgana : Elle parlait si vite, et en s'excusant. Tout ces indices qui faisaient que la jolie blonde ne doutait pas une seconde de la sinèrité de son élève.

Et enfin, elle parla à nouveau de cet homme, qu'elle voyait.
Les sourcils de la jeune femme se froncèrent alors quelque peu. Qui était-il, alors ? Elle n'en savait toujours rien. Et probablement que le problème de sa petite protègée venait de lui, non ?

Calmement, la jeune femme, tout en fixant avec douceur et sérieux son élève, répondit à sa question :

- Non. Je suis toujours restée là, devant toi.

Son temps n'était pas du tout réprobateur, au contraire. Morgana était une femme très compréhensive et à l'écoute de ses élèves.

Elle finit tout de même par poser cette question qui la tracassait, sur le même ton :

- Qui est cet homme Evangeline ? Le connais-tu ?

A la réponse de la grande et belle directrice, Evangeline sembla perdre toute la rare émotivité qui s'était emparée de son beau visage pâle lors de ses excuses entremêlées. Quoi ? Elle... N'avait pas bougé ? La bouche entrouverte sous l'effet de cette déclaration, Evy regarda la grande femme un moment sans rien dire... Puis, se passant sa main pâle sur la joue, apparemment complètement désorientée, elle répéta, d'une voix sans teint, plus pour elle même que pour la professeur de potions.

"Vous n'avez pas bougé d'ici..."

Puis, la grande femme qu'elle avait devant elle lui demanda qui était cette homme. Evangeline finit de perdre toutes ses couleurs de teint, alors que ses yeux cherchaient comme un point du visage de Morgana auquel s'accrocher afin d'éviter de sombrer dans une chose qu'elle ne connaissait même pas... Mais elle ne trouvait pas ce point, et elle ne pouvait pas regarder la grande femme dans les yeux... Elle serait souillée, la pauvre jeune femme...

¤Evy, Evy, Evy...
Tu sais parfaitement qui c'est, n'est-ce pas ?¤

*Non, je ne le sais pas, laisse moi !*

¤Mais elle, elle veut le savoir !
Creuse dans ta mémoire... Où as-tu vu ces yeux là ? Ce physique ? Ce visage ? Ah...Ah...Ah...¤

*Je... Je ne sais pas !
Je ne peux pas le dire, je ne m'en souviens plus !*

¤Est-ce que tu ne t'en souviens plus...
Ou bien est-ce ton corps et ton esprit qui te forcent à ne pas t'en souvenir ?¤

Evangeline se prit alors la tête dans les mains, s'arrachant presque les cheveux alors qu'elle se pliait en deux, dans sa chaise, une expression de profonde douleur ancrée dans son visage, alors que ses yeux étaient clos avec violence, ses sourcils froncés et ses dents serrées à s'en rompre la machoire. Entre ses dents, elle laissait entendre

"Assez !"

¤Comme tu le voudras...
Ah
Ah
Ah...¤

L'enfant releva la tête, les yeux remplis d'eau. Elle regarda un instant Morgana dans les siens, magnifiques et profonds, avant de dire, rebaissant la tête, comme désespérée

"Je suis désolée mademoiselle... Je ne peux me souvenir."

¤Idiote petite humaine...¤

Morgana restait tout aussi attentive aux moindres mouvements de son élève. Savait-elle au moins qui était cet homme ? Oui. La jeune femme en était persuadé : Evangeline savait qui il était, et même si elle n'en était peut-être pas consciente, celà se pouvait que le simple fait de réveler cette identité l'aide à aller mieux. Mais cette question se posait toujours : Simple halucination ou réel danger ? Morgana ne pouvait pas mettre cette dernière hypothèse de côté, malgré tout ce qui venait de se passer. Quelqu'un pouvait très bien vouloir faire croire que Evangeline avait des problèmes psychologiques, alors qu'il était tout simplement en train de la torturer de manière réel. Elle n'en savait plus rien ...

Voyant les dernières couleurs de son élève disparaître, Morgana senti son ventre se nouer : L'avait-elle vu encore ? Non. Elle constatait simplement que Morgana n'avait pas bougé d'ici. Et puis, quelque chose en elle sembla la tracasser. Assez ? Quelqu'un lui parlait donc ? Sourcils quelque peu fronçés, la jeune Directrice ne manqua pas de laisser échapper avec surprise et inquiètude :

- Ooh !

Néanmoins, celà restait discret et il était fort possible que Evy n'est rien entendu. La jeune Xilif, alors pliée en deux sur sa chaise, se redressa, des larmes plein les yeux, le regard visiblement vagabon. Pourquoi ne la regardait-elle pas dans les yeux ? Morgana n'y comprenait rien. Elle désirait vraiment obtenir la confiance de la jeune fille. Mais d'un autre côté, cette dernière n'était pas si facile à comprendre, et donc, pas si facile à mettre en confiance.

Elle disait maintenant être désolé, répondant à la question de la Directrice avec négation. Bien. Ca n'était donc pas pour maintenant.

Lui adressant un léger sourire à la fois encore tendu, mais tout de même rassurant, Morgana laissa entendre de sa douce voix à l'adresse de son élève :

- Ca n'est pas grave Evy.

Pause. Et, sur un ton un peu plus sérieux qu'à l'ordinaire :

- Néanmoins, si jamais tu te souviens, j'aimerai que tu viennes m'en faire part au plus vite.

Rien à ajouter.
Morgana s'asseya à nouveau sur son fauteuil, droit et belle, son magnifique regard posé sur la jeune fille.
Elle pouvait maintenant s'en aller, si elle le désirait.

Morgana parlerait-elle de cette élève étrange à ses élèves ? Non. Il en était hors de question. Celà ne ferait que leur donner une idée, peut-être fausse, de la jeune fille. Morgana préférait bien mieux qu'ils se fassent leur propre idée d'elle, sans les influencer. Et même si elle avait, sans doute, un comportement à risque, il serait tout à fait intolérable de la mettre à part.

La jeune fille, les yeux toujours baissés, écouta simplement les quelques paroles de la jeune et ravissante jeune femme qui se tenait devant elle et lui répondait que cela n'était pas grave, si elle ne se souvenait pas. Puis, le ton serieux de Morgana fit relever légèrement le visage de l'étrange jeune fille aux cheveux rouges.

Si elle se souvenait... Elle devait venir lui en parler ?
Mais pourquoi donc ?
Avait-elle l'intention de faire quelque chose contre cet homme ?

¤Tu vois
Elle y tiens¤

*Et alors ?! Je n'y suis pour rien si... Si je ne me souviens pas...*

¤Foutaises... Illusions !¤

*Tais-toi...
TAIS TOI !*

Evangeline secoua la tête, yeux baissés, puis, lorsqu'elle fixa à nouveau la grande dame (ou plutôt quelques centimètres dans le vide, à côté d'elle) elle répondit, d'une voix douce mais tristement neutre

"Oui, mademoiselle.
Je vous en ferai part..."

Alors qu'elle lâchait doucement ces paroles, elle songeait au fait que... La directrice l'avait appellée... Evy ? Cette pensée lui décrocha un très, très léger sourire, si rare. Alors que, pour une ultime fois, Evangeline relevait ses yeux morts vers la ravissante femme, elle se mit debout, face au bureau, disant alors, calmement

"Je vais maintenant me retirer, mademoiselle.
Je vous souhaite une bonne fin de journée."

Aucun doutes, Morgana ne verrait pas la jeune fille au repas du soir. Elle rejoindrait sa chambre, se jetterait sur son lit, et s'y laisserait mourir, jusqu'au lendemain... Si quelqu'un pensait à la tirer de sa chambre.

Passant la porte, Evangeline disparut dans les couloirs de l'école.
Le monstre était une fois de plus libéré...

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